Coin-Coin et les z'inhumains

Diffusée récemment sur Arte sous forme de quatre épisodes, la série chti de Bruno Dumont est présentée comme une suite à P'tit Quinquin, diffusé sur la même chaîne il y a exactement quatre ans. Comme j'avais adoré P'tit Quinquin, je me réjouissais de passer à nouveau quatre heures délicieuses devant mon écran. J'ai été un peu déconcerté par l'épilogue toutefois, je n'ai pas compris la fin du film. Il aurait fallu une notice pour expliquer aux pauvres téléspectateurs incultes que nous sommes, pourquoi les envahisseurs font gaiement la farandole dans une cour de ferme après avoir éclaboussé tout le monde pendant quatre heures de leur "brin" noir et visqueux. A quoi rime cette gigue champêtre où tout le monde se réconcilie spontanément comme dans un épisode de Joséphine ange gardien ? A quoi riment ces Noirs qui errent sans but et qu'on retrouve à la fin, chantant, déguisés en Village People ?

Les acteurs, tous anonymes, pris sur le tas, sont parfaits et fidèles à la première série, notamment le duo Bernard Pruvost et son savoureux « c'est quoi c'bordel, Carpentier ? » et Philippe Jore en gendarme cascadeur et philosophe. Bien que certains passages soient savoureux, l'histoire est bancale, elle aurait méritée d'être plus réfléchie. Toutefois, une scène me rappelle l'ambiance hilarante de la première saison, la scène du cimetière où le commandant tente, avec un tact maladroit, d'expliquer aux deux prêtres médusés qu'ils ne doivent pas trop s'approcher des enfants. Pruvost est tout simplement grandiose, une sorte de cocktail génial de Charlot, Mister Bean et Buster Keaton. C'est à peu près le seul moment où on rit car on rit peu, on sourit tout au plus. Coin-Coin traine sa misère entre la jolie fille du camping qu'il parvient à se farcir à son grand étonnement et Eve, son ex petite amie qui a viré sa cutie.

La série est est truffée d'incohérences. Qu'il s'agisse d'une fantaisie de l'auteur destinée à amuser la galerie, pourquoi pas, mais il y a des limites à l'invraisemblance. Un peu las que les scénaristes me fassent avaler des couleuvres. Les faiblesses du scénario sont encore plus débiles que de voir un acteur ouvrir une serrure avec un trombone. Ainsi, comment font les clones pour sortir physiquement de leur hôte en passant à travers leurs vêtements ? Comment le corps d'Aurélie Terrier peut-il être exhumé puisqu'elle a été intégralement dévorée par les cochons quatre ans plus tôt ? Bruno a peut-être voulu faire quelque chose qui ressemble à la résurrection de Francine dans La Soupe au Choux. Encore un coup des Extraterrestres.

Cette farce inhumaine reste une farce tout court. Et si on doit rejoindre Bruno Dumont dans son schéma de pensée sur le pourquoi du comment du parce que, il est plus que nécessaire que le réalisateur nous explique ce qu'il a voulu représenter dans l'épilogue. Mais le sait-il lui-même ? Quand on est téléspectateur, c'est pénible d'être obligé de se creuser les méninges pour comprendre ce que les scénaristes sont incapables d'exprimer simplement. Ou alors, ce n'est pas impossible, Coin-Coin et les z'inhumains est un film beaucoup trop intellectuel pour mon neurone. Il reste l'indéfinissable plaisir de retrouver l'excellent duo Van der Weyden et Carpentier, aussi indissociable que Starsky et Hutch ou Sherlok Holmes et le docteur Watson.

 

Dom's - 18 novembre 2018 à 10:10

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